LA VALORISATION TOURISTIQUE DU PATRIMOINE MILITAIRE BÂTI, ETUDE DE CAS : LA FORTERESSE DE TASGHIMOUT

ABDELMAJID GUTITI1

(1 Doctorant chercheur en Dynamique spatiale Aménagement et Développement territorial, Université Cadi Ayyad, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Marrakech, LERMA, Maroc

gutitiabdelmajid@gmail.com

HNSJ, 2022, 3(10); https://doi.org/10.53796/hnsj31020

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Publié le 01/10/2022 Accepté le 19/09/2022

Résumé 

Actuellement, le patrimoine est devenu ambassadeur du territoire, créateur d’emploi et générateur de retombées économiques. Dès lors, il est important de le sauvegarder, de le valoriser et de l’intégrer dans le développement humain et durable. En effet, la collectivité territoriale d’Iguerferouane possède des atouts et potentialités qui peuvent la rendre une destination touristique par excellence. Parmi ces atouts, la forteresse de Tasghimout qui représente un vrai modèle de l’architecture militaire almoravide, ses composantes à vocation patrimoniale sont nombreuses et ses valeurs sont multiples. Néanmoins, la situation actuelle de ce bâti est inquiétante, ce qui exige une intervention directe et urgente.

Dans ce contexte, nous avons identifié les acteurs impliqués, déterminé leur cadre d’intervention et tracé la matrice Intérêt-Pouvoir. Nous avons notamment opté pour une démarche par consensus afin d’assurer la collaboration et la participation de toutes les parties prenantes concernées par cette valorisation touristique.

Il convient de souligner que l’intérêt patrimonial de la forteresse de Tasghimout repose d’abord sur sa dimension historique. Il tient de plus aux qualités de l’architecture des bastions et des portes. Il s’appuie également sur son potentiel archéologique. Il repose enfin sur l’aspect artistique de la porte : Bab El-Mohaddin.

Par conséquent, il est primordial d’entamer un processus de patrimonialisation relatif à cette forteresse et qui sera fondé sur une approche par les valeurs. Face à ce constat, un ensemble de défis à relever, il concerne plusieurs domaines : le Culturel, le Social, celui de la politique et du tourisme.

En fait, le patrimoine, valorisé à travers la mise en tourisme et la promotion, gagne un rayonnement nouveau et devient alors un réel vecteur de développement local.

Mots Clés: valorisation touristique, patrimonialisation, patrimoine militaire bâti, forteresse, Tasghimout

عنوان البحث

التثمين السياحي للتراث العسكري المبني، دراسة حالة: قلعة تاسغيموت

عبد المجيد اكطيطي1

1 طالب باحث بسلك الدكتوراه، تكوين الدينامية المجالية الإعداد والتنمية الترابية، جامعة القاضي عياض، كلية الآداب والعلوم الإنسانية بمراكش، مختبر الدراسات حول الموارد الحركية والجاذبية، المغرب

بريد الكتروني: gutitiabdelmajid@gmail.com

HNSJ, 2022, 3(10); https://doi.org/10.53796/hnsj31020

تاريخ النشر: 01/10/2022م تاريخ القبول: 08/09/2022م

المستخلص

يبدو جليا في الوقت الراهن أن التراث قد أصبح سفيرا للتراب، إنه يخلق فرص الشغل ويحقق فوائد اقتصادية مهمة. وبذلك فمن الضروري المحافظة عليه وتثمينه ودمجه في التنمية البشرية المستدامة.

لقد اعتمدنا في إنجاز هذا البحث على مجموعة من الأدوات والتقنيات من قبيل: الدراسة الببليوغرافية والملاحظة والمقابلة الموجهة والنصف موجهة والاستمارة. وقد تم تحليل البيانات باستعمال برنامج الإكسيل وبرنامج الحزمة الإحصائية للعلوم الاجتماعية .(SPSS)

في الحقيقة تتوفر الجماعة الترابية لإكرفروان على العديد من الإمكانات والمؤهلات والتي يمكن أن تجعلها وجهة سياحية بامتياز. من بين تلك الإمكانات نذكر قلعة تاسغيموت والتي تمثل نموذجا حقيقيا للمعمار العسكري المرابطي، حيث أن مكوناتها ذات البعد التراثي كثيرة والقيم التي تعكسها متعددة. غير أن وضعيتها الراهنة مقلقة وتقتضي تدخلا مباشرا وعاجلا. وفي هذا السياق قمنا بتحديد الفاعلين وحصر مجالات تدخلهم ورسم مصفوفة ” المصلحة-السلطة” الخاصة بهم. وقد تبنينا بالخصوص نهجا توافقيا بغية ضمان تعاون ومشاركة جميع الفاعلين المعنيين بالتثمين السياحي لتلك القلعة. تجدر الإشارة إلى أن الأهمية التراثية لقلعة تاسغيموت تستند أساسا على بعدها التاريخي. كما ترتبط كذلك بالخصائص المعمارية للأبراج والبوابات. وترتكز أيضا على إمكاناتها الأركيولوجية الكبيرة. وتعتمد أخيرا على البعد الفني لباب “الموحديين”. نتيجة لذلك ينبغي الشروع في صيرورة التأصيل (patrimonialisation) المتعلقة بالقلعة والتي سوف تتم وفق مقاربة بالقيم. وبناء على ذلك، لابد من مجابهة مجموعة من التحديات التي ترتبط بمجالات متعددة منها الثقافي والاجتماعي والسياسي والسياحي.

في الواقع يكتسب التراث الذي تم تثمينه عن طريق السياحة والترويج إشعاعا جديدا، ويصبح بذلك موجها حقيقيا للتنمية على الصعيد المحلي.

الكلمات المفتاحية: التثمين السياحي، التأصيل، التراث العسكري المبني، القلعة، تاسغيموت

Introduction

Véritables Sahariens, les Almoravides n’occupèrent presque jamais que les plaines : leur domination effective a cessé au pied des montagnes. Ils ont choisi les emplacements des forteresses et les ont construites dans un endroit entouré de montagnes, où ils pourraient se défendre contre les Almohades. La première forteresse fut celle de Tasghimout[1].

Nos motivations pour le choix du sujet de la valorisation touristique de cette forteresse découlent de plusieurs raisons : d’abord, la rareté des recherches relatif au patrimoine militaire bâti des Almoravides, puis, pour l’importance économique, sociale, culturelle et environnementale, en plus, la richesse et la diversité des ressources naturelles et culturelles du territoire d’Iguerferouane.

Problématique

Dans quelle mesure le processus de la mise en tourisme de la forteresse de Tasghimout peut contribuer à la conservation et valorisation des ressources patrimoniales d’Iguerferouane tout en intégrant la population locale à une logique de développement humain et durable ?

À partir de cette problématique nous pouvons décliner les questions secondaires suivantes :

Comment peut-on intégrer le patrimoine militaire bâti des Almoravides dans l’offre touristique d’Iguerferouane et d’Alhaouz ?

Quelle forme du tourisme sera adéquate aux particularités de cette forteresse ?

Est-ce que les différents acteurs peuvent participer à réussir la mise en tourisme de ce site ?

Quelles sont les modalités organisationnelles et institutionnelles à suivre dans cette mise en tourisme ?

Comment la valorisation touristique de cette forteresse peut assurer des avantages socio-économiques à la population locale tout en respectant l’environnement ?

Hypothèses

Le contexte et les questionnements présentés ci-dessus nous conduisent à émettre des hypothèses sur lesquelles la présente recherche sera fondée.

Primo, la mise en tourisme de la forteresse de Tasghimout peut offrir des opportunités de valorisation de ses ressources et des autres sites touristiques de la collectivité d’Iguerferouane. Cette mise en tourisme doit être adéquate aux particularités et exigences de cette forteresse ainsi que tout le territoire d’Iguerferouane.

Secundo, la patrimonialisation du Tasghimout peut constituer un projet central afin de conserver et sauvegarder ses ressources culturelles et patrimoniales.

Méthodologie de recherche

Pour effectuer cette recherche, nous avons utilisé un ensemble de techniques telles que : la documentation, l’observation, l’entretien directif et semi -directif et l’enquête par questionnaire.

La taille de l’échantillon enquêté n’a pas été choisie aléatoirement. Pour la population locale, nous avons enquêté 120 personnes, qui représentent 1% du nombre total de la population d’Iguerferouane (11812 en 2014). Quant aux touristes, nous avons pu rencontrer 90 personnes durant la période de l’enquête (le mois de mars 2017), sachant que la fréquentation mensuelle des touristes à Iguerferouane varie entre 80 et 130 visiteurs[2]. Le dépouillement des questionnaires s’est accompli à partir des logiciels Excel et SPSS.

1. Diagnostic du territoire

1.1 Cadre géographique et administratif

La forteresse de Tasghimout se situe dans la collectivité territoriale d’Iguerferouane. L’appellation « Iguerferouane » est composée de deux mots « Iguer » qui signifie entre et « ferouane » qui veut dire deux bassins. Ce territoire se trouve à environ 40 kilomètres au Sud- Est de Marrakech. Il couvre une superficie de 85,55 km2, son relief se caractérise par l’existence du piedmont entouré par des montagnes qui appartiennent à la chaîne du Haut Atlas. Iguerferouane connaît un climat plus humide, des tempêtes et des précipitations moyennes, ainsi que des chutes neigeuses. Les températures mensuelles moyennes les plus basses sont enregistrées durant le mois de janvier (1 °C), alors que les plus élevées sont constatées au cours du mois de juillet (45 °C)[3].

La collectivité territoriale d’Iguerferouane fait partie de la Province d’Al Haouz, caîdat d’Aghmat, cercle d’Ait ourir. Elle comprend deux machiakhat-s : Aït Ounga et Aït Bou Saïd.

Figure 1 : Découpage administratif d’Alhaouz

Source : Agence du Bassin Hydraulique de Tensift

1.2 Aspect démographique et économique

En 1994, la population d’Iguerferouane était de 11485 habitants, elle a connu un faible accroissement en 2004 avec 12454 habitants et un déclin en 2014 avec 11812 habitants[4]. Il faut signaler que ce territoire se distingue par un exode rural assez élevé, ce qui nous permet d’expliquer le déclin de la population enregistré en 2014.

L’économie est basée principalement sur l’agriculture, d’autres activités sont exercées par la population telles que le commerce, l’artisanat et le tourisme.

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

Selon les données de ce graphique on remarque que la majorité de la population questionnée pratique des professions libérales (23%). Les salariés et les fonctionnaires représentent 25 % de l’échantillon enquêté. Le taux de chômage de la population locale est assez élevé (11%).

1.2.1 L’agriculture

Il s’agit principalement d’une agriculture vivrière et traditionnelle. Elle est pratiquée sur de petites parcelles, dépendantes des eaux de pluie. La population locale utilise encore des systèmes d’irrigation traditionnels (séguia, puits,). L’occupation du sol reste marquée par la prédominance de la céréaliculture (orge et blé dur), alors que les légumineuses et les cultures maraîchères sont fort réduites.

L’arboriculture fruitière traditionnelle (olivier, amandier, noyer et caroubier) constitue une source de revenu importante dans la zone. De la même manière, l’élevage est considéré comme un secteur d’activité essentiel dans l’économie locale.

1.2.2 La foresterie

À Iguerferouane, la forêt est située dans la zone d’Igrouka, Aamskerli et Assaka. Elle est composée surtout du chêne vert, du noyer, du thuya et du cyprès. La population locale exploite principalement le bois de feu et le fourrage.

1.2.3 L’artisanat

Le secteur de l’artisanat est très dynamique au niveau d’Iguerferouane, il peut constituer une locomotive du développement socioéconomique de la population et notamment les femmes artisanes. En fait, le territoire comporte des ateliers qui produisent du tissage, de la poterie, des tapis, des articles en bois, des vanneries et des articles en fer forgé.

1.2.4 Le tourisme

Les potentialités naturelles sont nombreuses et diverses, on peut citer par exemple : le climat, les montagnes, Oued Guedji, les cascades d’Aman Goudnin et la forêt d’Igrouka. Elles peuvent répondre aux exigences des amateurs de la nature. Il convient de souligner également la richesse culturelle et patrimoniale d’Iguerferouane et qui comprend l’architecture berbère, le folklore d’Ahouach et les sites historiques notamment la forteresse de Tasghimout, la kasbah d’Ouanina et la zaouïa de Lala Tachaaout.

1.3 Aspect social et développement humain

Le territoire d’Iguerferouane abrite un seul centre de santé qui ne peut pas répondre aux besoins de tous les habitants. En effet, la population locale rencontre plusieurs problèmes en matière de services de santé (faible encadrement, manque d’équipements…).

Concernant l’éducation, les habitants doivent faire face aux diverses difficultés, à titre d’exemple : l’insuffisance du transport scolaire, l’éloignement du collège et l’absence du lycée.

La collectivité territoriale d’Iguerferouane se classe en seconde position parmi les dix plus vulnérables collectivités de la province d’Alhaouz.

Certes ce territoire connait une dynamique associative remarquable, il comporte environ 45 associations et 2 coopératives[5] qui travaillent dans différents secteurs et dont le développement local représente leur première occupation. Néanmoins la plupart d’entre elles souffrent d’un ensemble de problèmes liés à la gestion et au manque de financement.

1.4 L’analyse AFOM (SWOT) d’Iguerferouane

AFOM (Atouts – Faiblesses – Opportunités – Menaces) est un outil d’analyse stratégique qui combine l’étude des forces et des faiblesses d’une organisation, d’un territoire, d’un secteur, etc., avec celles des opportunités et des menaces de son environnement.

En fait, le territoire d’Iguerferouane se distingue principalement par ses atouts naturels et socioculturels. Alors que le manque des infrastructures et l’absence des projets de promotion touristique constituent les plus importantes faiblesses de cette collectivité territoriale.

Bien que la valorisation touristique d’Iguerferouane puisse se baser sur plusieurs opportunités telles que la vision du tourisme 2020 et l’émergence du tourisme équitable et solidaire, elle doit faire face à de nombreuses menaces comme la concurrence et l’instabilité de la clientèle.

Figure 2 : Matrice AFOM (SWOT) d’Iguerferouane

Source : Réalisation personnelle

2. Démarche par consensus

Source : Réalisation personnelle

La méthode par consensus consiste à parvenir à un accord sans vote formel, en évitant d’exposer les objections et les abstentions entre les parties prenantes.

2.1 Présentation des acteurs concernés

Généralement, on distingue les opérateurs sectoriels, les instances élues, la population locale, le tissu associatif, le secteur privé et l’université Cadi Ayyad.

Tableau 1 : Les opérateurs sectoriels

Echelle Intérieur Tourisme Culture Equipement et

Transport

Electricité

Eau Potable

Nationale Ministère

de l’Intérieur.

Ministère

du Tourisme.

Office National

Marocain

du Tourisme.

Ministère

de la Culture.

Ministère

d’équipement

du Transport

et de la Logistique

Office national

de l’électricité

Et de l’Eau Potable

Régionale Wilaya

Région

Marrakech

Safi.

Délégation

Régionale

du Tourisme.

Conseil Régional du Tourisme

Direction

Régionale

de la Culture.

Conservation Régionale

Direction Régionale

d’équipement et

du transport.

Direction

Régionale

Provinciale Préfecture

Province

d’Alhaouz.

Délégation

Provinciale

du Tourisme.

Direction

Provinciale

d’équipement et

du transport

Direction Provinciale

Source : Réalisation personnelle

2.2 Cadre d’intervention

Il précise les missions, les fonctions et les plans d’action de chaque acteur.

Tableau 2 : Cadre d’intervention des acteurs

Parties prenantes Cadre d’intervention
Province d’Alhaouz Coordination et suivi des actions du développement local ;

Coordination et suivi de la mise en œuvre de l’Initiative Nationale du Développement Humain (INDH) ;

Collectivité territoriale d’Iguerferouane Plan du développement communal ;

Gestion du territoire ;

Délégation provinciale du tourisme

D’Alhaouz

Vision 2020 du tourisme ;

Plan d’action régional du tourisme 2020 ;

Conseil régional du tourisme Renforcement des capacités des acteurs et opérateurs du tourisme ;

La promotion ;

Direction régionale de la culture et

Conservation régionale du patrimoine

culturel

Inventaire des monuments et des sites ;

Préservation et réhabilitation des monuments et des sites culturels ;

Promouvoir la valorisation du patrimoine culturel ;

Direction provinciale d’équipement, du transport et de la logistique Construction et aménagements des routes ;
Office national de l’électricité et de l’eau potable Raccordement du site au réseau de l’électricité et de l’eau potable ;
Instances élues Plan d’action provincial et régional du tourisme ;
Population locale Ressources humaines ;

Artisanat de la communauté ;

Tissu associatif Sensibilisation de la population locale ;

Activités culturelles, sociales…

Secteur privé Investissement en infrastructure touristique ;
Université Cadi Ayyad Recherche scientifique et formation ;

Source : Réalisation personnelle

Lors de l’entretien directif élaboré avec Ahmed SAID le président du conseil communal d’Iguerferouane et qui s’est déroulé le 10 mars 2017, il a montré un grand intérêt envers la valorisation touristique de la forteresse de Tasghimout en ajoutant que tous les membres élus du conseil sont également intéressés par la patrimonialisation de ce site. Il a affirmé aussi que le plan d’action communal a placé le tourisme et notamment celui qui est considéré comme responsable et alternatif parmi les priorités économiques d’Iguerferouane. En outre, le président du conseil provincial du tourisme d’Alhaouz Hamid BENTAHER nous a assuré pendant un entretien semi-directif (le 02 mai 2017) que leur établissement est prêt à renforcer les capacités des intervenants dans le domaine de la promotion. Un constat qui montre leur intérêt par rapport au projet de la mise en tourisme de Tasghimout.

2.3 Matrice Intérêt- Pouvoir des acteurs

Il s’agit d’un outil efficace qui permet d’analyser les acteurs afin de les classer en 4 catégories selon leur intérêt et leur pouvoir.

Concernant le territoire d’Iguerferouane, les instances élues représentent des acteurs à satisfaire puisqu’elles possèdent un pouvoir fort malgré leur faible intérêt. Les touristes responsables, les opérateurs sectoriels et la population locales sont tous des acteurs à engager. En réalité, ils ont un pouvoir fort et montrent également un intérêt important à la patrimonialisation de la forteresse et à sa valorisation touristique.

La société civile reste un acteur à informer dans toutes les étapes de ce processus. Par contre, les touristes de masse (non responsables) sont à éviter vu que le projet visé s’inscrit dans le cadre du développement durable.

Figure 3 : Matrice Intérêt-Pouvoir des acteurs

Source : Réalisation personnelle

3. Cadre et modalités organisationnels et institutionnels

Une unité de gestion fonctionnelle, doit être mise en place pour rallier les différents acteurs autour d’une compréhension commune de l’intérêt patrimonial de la forteresse de Tasghimout. Elle doit comprendre des cadres relevant du tourisme et de la culture. Sa mission est de piloter et coordonner les réunions et les discussions. Elle sera en charge de la constitution du dossier documentaire et de la réalisation des études préalables et complémentaires.

Un comité consultatif sera composé de représentants de : services concernés (Délégation provinciale du tourisme, Direction régionale de la culture…), collectivités territoriales (conseil communal d’Iguerferouane, conseil provincial d’Alhaouz et conseil régional Marrakech-Safi), instances régionales du tourisme (CRT, CPT…), ONG (association des guides…), secteur privé, société civile et université Cadi Ayyad.

4. Énoncé d’intérêt patrimonial

4.1 Toponymes de Tasghimout

Les sources arabes nous présentent les toponymes suivants : « Taskimout » et « Tachabout ». En effet, on trouve le toponyme « Taskimout » dans l’ouvrage « Nodom Aljoman » de Ibn Al-Katan Almorakochi[6]. En outre, un court passage d’Ibn Khaldoun mentionne la prise par Abd el-Moumin d’une ville, nommée Tach’about dans certains manuscrits, et dans d’autres, Tasghimout[7].

4.2 Présentation générale de Tasghimout

Il s’agit d’une immense forteresse construite par les Almoravides au XII siècle. Le plateau s’élargit en un vallon principal orienté au sud-ouest et deux autres vallons plus petits orientés au nord et au nord-est. La porte et les trois vallons permettent actuellement l’accès à la forteresse ; ce sont Bab El-Mohaddin, Bab El-Hammam, Imi L-Mjerra et Bab Ghadîr. Ces quatre points ont été fortifiés et une source se trouvait au sud-ouest, depuis le vallon principal [8].

Tableau 3 : Données de la forteresse de Tasghimout

Longueur

de l’enceinte

Largeur Rempart Chef de garnison Cavaliers Fantassins
1380 m 600 m 3550 m Abu Bakr Ibn al-Lamti 200 500

Source : ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, p.383.

PROVENÇAL.L, op.cit., 1928, p.218

4.3 Aperçu historique de la forteresse

Afin de faire face au grand danger des Almohades, les Almoravides ont commencé à édifier un ensemble de postes fortifiées sur les pentes de l’Atlas[9]. La forteresse du Tasghimout, construite vers 1125, fut prise par les Almohades en 1132. S’il faut en croire Al-Baidak, cette forteresse fut bâtie par Maimûn ben Yâsîn [10]. D’autres textes affirment qu’elle s’est construite sous les directives d’un andalou surnommé « Al Falaki ». Ce n’est plus un château, mais un immense camp fortifié qui occupe toute la surface d’un plateau aux bords escarpés[11].

4.4 Plan de la forteresse

Le plus ancien plan a été publié dans l’ouvrage « Sanctuaires et Forteresses Almohades [12]». Il se concentre principalement sur la partie ouest de l’enceinte qui présente plus d’éléments caractéristiques. Cependant les spécialistes doivent effectuer un nouveau plan global de toute la forteresse.

Figure 4 : Plan de la partie Ouest de l’enceinte

Source : Réalisation basée sur le travail de BASSET et TERRASSE de 1927 et recherches de MEUNIÉ et ALLAIN de 1951

4.5 Situation actuelle de Tasghimout

En effet, la situation actuelle de la forteresse de Tasghimout est déplorable. Elle ne cesse de se dégrader à cause de facteurs naturels tels que la pluie et le vent. Il faut signaler également les facteurs humains qui l’affectent d’une façon permanente. En fait, la forteresse est constamment témoin de fouilles effectuées par des chasseurs de trésors. Alors il ne reste que des ruines concernant Bab El-Hammam, le rempart, la muraille de la qasba, le bastion ouest, le bastion 2, le secteur z et la source.

Figure 5 : fouille effectuée par des chasseurs de trésors

Figure 6 : Bab El-Hammam

Source : Cliché personnel en 2022

Figure 8 : Bastion 2

Figure 7 : Bastion Ouest

Figure 9 : Rempart Sud-Est

Figure 10 : Muraille de la qasba

Figure 11 : Source de la forteresse

Source : Clichés personnels en 2022

4.6 Composantes à vocation patrimoniale et leur nature

4.6.1 Le rempart

Il s’agit d’un large mur de deux mètres d’épaisseur presque partout. Il est constitué de moellons à peine dégrossis et attachés par un mortier riche en chaux. Souvent, de petites pierres plates étaient placées entre les rangées de moellons pour compenser les dispositions inégales ; cette méthode de construction était plus courante dans les bastions que le long du rempart [13].

4.6.2 Les bastions

Cette longue muraille était fortifiée par des bastions de place en place. Ils sont tous quadrilatères, mais pas d’un seul type, ils sont inégalement répartis, clairement placés aux points les plus exposés ou permettant une meilleure surveillance [14].

Figure 13 : Plan du bastion ouest

Figure 12 : Plan du bastion 2

Source : ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, pp.389-395.

4.6.3 La porte

Une seule porte menant à la forteresse, dont les habitants appellent aujourd’hui la ruine de Bab El-Mohaddin. Bien qu’elle s’élève au point le plus accessible du plateau, elle couronne une pente encore raide et domine de haut l’étroit chemin sinueux qui monte jusqu’à elle et qui, avant de la rejoindre, doit contourner un moment la muraille. Il est à noter que les vantaux de cette porte, après la prise de la forteresse, les Almohades victorieux les apportèrent à Tinmel et les placèrent à la porte des Potiers (Bab al-Fahhârîn)[15].

Figure 14 : Plan de Bab El-Mohaddin

Figure 15 : Niches à l’intérieur de Bab El-Mohaddin

Source : TERRASSE.H, op.cit., p.232.

Source : ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, p.392.

4.6.4 Les vallons

Les trois vallons sont comme suit : Bab El-Hammam, Bab Ghadir et Imi L-Mjerra. Ils servent actuellement de passage, mais avaient été dotés de défenses dans le but, justement, d’en interdire l’accès.

Figure 16 : Plan de Bab El-Hammam

Source : ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, p.387.

4.6.5 La qasba

Derrière le bastion Ouest, le terrain constitue une croupe qui s’allonge vers le nord-est, séparant le mur nord-ouest, où se trouve Bab El-Mohaddin, du vallon de la source. Quelques vestiges architecturaux s’y dressent encore, et des traces de nombreux soubassements ou murs ont été identifiées. Il s’agit de l’enclos à l’intérieur de l’enclos, c’est la qasba du chef et l’entrepôt d’armes, nourriture et matériel [16].

Figure 17 : Plan des restes de la qasba

Source : ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, p.397

4.6.6 Le secteur z

Il existe un groupe de bâtiments entre le bastion R et le bastion 15. Avant le creusement, seuls deux longs murs parallèles (Z) étaient en béton de 70 cm d’épaisseur. Ces murs permettaient de protéger le passage. Quoi qu’il en soit, ce secteur est l’un des rares endroits qui semble être habité [17].

4.6.7 La source Au sommet du seul grand vallon qui forme le plateau, s’infiltre une source assez riche. L’eau s’accumule dans un bassin en forme de fer à cheval soigneusement construit en moellons. Le trop-plein est dévié vers le bassin en contrebas et à droite de la source [18].

4.7 Synthèse de valeurs

Comme nous avons indiqué auparavant, la forteresse de Tasghimout comprend plusieurs valeurs, mais les dimensions historiques, architecturales et archéologiques restent les plus représentatives.

Tableau 4 : Synthèse de valeurs de la forteresse de Tasghimout

Valeur Elément caractéristique Particularité
Historique Témoignage Ancienneté

Rôle militaire primordial

Architecturale Bastions

Bab El-Hammam

Bab El-Mohaddin

Chambres superposées voûtées

Salles jumelées voûtées en berceau

Saillies inégales

Archéologique Bab El-Mohaddin

Secteur Z

Vestiges

Céramique, lampe à huile, fragment à décor d’entrelacs de mailles avec remplissage floral, tuiles, fragment de récipient en poterie ocre[19].

Esthétique/Artistique Bab El-Mohaddin Niches demi-circulaires couronnées

De demi-coupolettes

Paysagère Relief Plateau

Vallons

Ecologique Source, Bassin, Citerne Habitat de faune et flore

Source : Réalisation personnelle

5. Etapes du processus de Patrimonialisation

Afin que le processus de patrimonialisation soit réussi, il existe une procédure à suivre, le professeur Jean Davallon[20] nous propose cinq étapes à respecter obligatoirement :

  • La reconnaissance des valeurs de l’objet.
  • La mobilisation et la production de savoir sur l’objet et son monde d’origine.
  • La déclaration du statut de patrimoine.
  • L’organisation de l’accès du collectif à l’objet patrimonial.
  • La transmission aux générations futures de ces objets patrimoniaux.

6. Plan de sauvegarde

6.1 Classement et restauration

Ce projet sera réalisé par le ministère de la Culture par le biais de sa direction régionale et sa conservation du patrimoine culturel. Il comprend les étapes suivantes :

  • Inscrire et classer la forteresse parmi les monuments historiques de notre pays.
  • Actualiser l’inventaire du patrimoine culturel : l’objectif de cet inventaire, qui doit être basé sur les résultats de fouilles archéologiques, étant de mettre en évidence toutes les attractions culturelles du site, qui augmenteraient son offre première et ses attraits touristiques. Les résultats de cet inventaire serviront à finaliser la conception du produit touristique et alimenteront également les thèmes d’interprétation du site.

Le 09 juin 2017, nous avons rencontré Hamid SAOUBOU, le responsable de restauration au palais Badii. Il nous a permis de bien connaitre les mesures, les matériaux et les pratiques utilisés dans ce domaine. Alors et selon lui, la restauration de la forteresse de Tasghimout peut être déroulée comme suite :

  • Restaurer les remparts, les fissures, l’habillement des murs, les façades extérieures, les éléments en menuiseries, les auvents en tuiles et bois
  • Renforcer les fondations.
  • Reconstruire les bastions.
  • Reprendre les planchers, l’étanchéité et les parapets.
  • Récupérer les arcs.
  • Travaux de Taluaht et de carrelage

6.2 Autres actions de sauvegarde

En fait, la restauration ne constitue qu’une étape de ce plan de sauvegarde, d’autres actions seront exécutées : d’abord, il faut investir une partie des recettes de l’activité touristique dans la réhabilitation, la protection et le maintien des bonnes conditions des ressources du site. Puis, créer une association de sauvegarde de la forteresse de Tasghimout. Elle aura la responsabilité d’attirer l’attention des habitants d’Iguerferouane sur ce site et leurs expliquer son importance. Ensuite, sensibiliser le jeune public au patrimoine en général et à la forteresse de Tasghimout en particulier. En plus, le rôle important des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans la sauvegarde est à souligner. Dans ce cadre toutes les informations concernant ce site doivent être enregistrées dans une base de données afin de permettre à tout le monde d’y accéder.

7. Recommandations de la mise en tourisme de Tasghimout

Il est à noter que le patrimoine est essentiel au tourisme, surtout dans le cas du tourisme culturel, qui est l’un de ses principaux générateurs. À l’inverse et selon Lazzarotti, le tourisme est nécessaire au patrimoine, puisqu’il lui a permis d’accélérer sa mise en valeur et sa protection[21].

    1. Élaboration/conception et organisation du produit touristique 

En effet, cette phase de la mise en tourisme de la forteresse de Tasghimout peut être effectuée en suivant les étapes ci-dessous :

  • Organiser des visites de reconnaissance et de repérage au profit des professionnels du tourisme.
  • Concertation avec ces professionnels sur les potentialités réelles du site, les contraintes organisationnelles, techniques et économiques de sa valorisation touristique.
  • Développer les bases descriptives du produit « forteresse de Tasghimout ».
  • Définir les conditions d’exploitation du produit touristique.
  • Elaboration d’un cahier des charges.
    1. Aménagement de l’infrastructure touristique 

L’aménagement représente une phase capitale dans la mise en tourisme de la forteresse, nous proposons l’exécuter comme suit :

  • Raccorder le site au réseau d’électricité et d’eau potable.
  • Installer les canalisations d’assainissement.
  • Concevoir et aménager le circuit de visite.
  • Aménager les points d’arrêt et d’observation.
  • Concevoir et mettre en place la signalétique sur le site.
  • Construire des sanitaires.
  • Élaborer et mettre en œuvre un système de gestion des déchets.
  • Construire et équiper un centre de la mise en valeur de la forteresse de Tasghimout.
  • Construire un village touristique avec une capacité d’accueil de 50 lits.
  • Mettre en place un restaurant-café qui favorise les produits de terroir.
  • Construire des boutiques d’artisanat local.

Tableau 5 : Projets touristiques proposés par les touristes à Iguerferouane

Projets touristiques proposés au niveau de la commune Nombre Taux %
Villages touristiques 47 52,22
Complexes touristiques 32 35,56
Autres 11 12,22
Total 90 100

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

52,22% des personnes enquêtées ont proposé la construction des villages touristiques au niveau d’Iguerferouane, alors que 35,56% ont préféré la réalisation des complexes touristiques.

Il faut signaler que les travaux d’aménagement et la réalisation des projets touristiques à Iguerferouane doivent respecter le style architectural local.

Tableau 6 : Style architectural local dans les projets touristiques

Pensez-vous que les projets touristiques doivent respecter le style architectural local ? Nombre Taux %
Oui 73 60,84
Non 29 24,16
Sans réponse 18 15
Total 120 100

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

On remarque que la quasi-totalité de l’échantillon de la population locale (60,84 %) pense qu’il faut respecter le style architectural local dans les projets touristiques. On peut expliquer ce constat par leur volonté de garder une certaine homogénéité architecturale dans le territoire et de préserver leurs pratiques de construction.

    1. Formation et renforcement des capacités  

Il s’agit d’organiser des ateliers de formation au profit du personnel d’accueil et des guides impliqués, sur les techniques d’information, de communication et d’accueil. Un autre programme de formation sera destiné au profit des acteurs/partenaires concernés par la gestion de la forteresse de Tasghimout afin de renforcer leurs capacités managériales.

    1. Établissement de partenariats et de contrats de concession

D’une part, il faut élaborer les contrats relatifs à l’exploitation et la commercialisation du site de Tasghimout. D’autre part, il est primordial de mettre en œuvre les conventions de partenariat concernant la gestion touristique de la forteresse.

    1. Marketing et gestion du produit/circuit 
      1. Produit

La forteresse de Tasghimout constitue un produit touristique basé principalement sur la culture. Il doit être intégré dans l’offre touristique d’Iguerferouane.

Tableau 7 : Forme du tourisme souhaitée par la population

Forme du tourisme souhaitée Nombre Taux %
Tourisme culturel 42 35
Ecotourisme 32 26,67
Tourisme solidaire équitable 41 34,16
Autre 5 4,17
Total 120 100

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

D’après ce tableau, on constate que la forme du tourisme souhaité par les habitants varie entre le tourisme culturel (35%), le tourisme solidaire équitable (34,16%) et l’écotourisme (26,67%).

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

Avec un taux de 34,44%, L’écotourisme apparait comme la première forme préférée par les touristes, en seconde place on trouve le tourisme culturel avec un taux de 33,34% et en troisième position vient le tourisme solidaire avec un taux de 32,22%. Alors les formes du tourisme préférées par la population et les voyagistes sont presque similaires.

      1. Marché et Clients

Par rapport au marché du tourisme, le produit « forteresse de Tasghimout » sera destiné principalement au marché européen.

Tableau 8 : Touristes d’Iguerferouane selon la nationalité

Nationalité Nombre Taux %
Française 55 61,11
Espagnole 22 24,44
Anglaise 7 7,78
Allemande 6 6,67
Autre 0 0
Total 90 100

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

La quasi-totalité des touristes enquêtés est de nationalité française, avec un taux de 61,11%. Les Espagnols occupent la seconde place, avec un taux de 24,44%. En troisième position se trouvent les touristes anglais (7,78%).

      1. Prix

Concernant les frais d’hébergement et de restauration des touristes, l’offre sera basée en premier lieu sur le tourisme équitable et solidaire en attente de la réalisation du village touristique. Alors on propose le logement chez l’habitant, ce qui veut dire que les frais seront flexibles et adéquats à chaque voyagiste.

      1. Place (distribution)

Les tours opérateurs sont les acteurs les plus importants dans la distribution touristique. En effet, ils ont déjà les clients potentiels et sont reconnus dans le secteur. Ils sont choisis en fonction de deux types de distribution : sélective ou massive. Dans notre cas, il est important d’opter pour une distribution sélective afin de conserver les ressources fragiles de la forteresse. La collaboration avec les institutions touristiques permet également d’augmenter la visibilité de l’offre de Tasghimout. L’hôtellerie-restauration et les lieux d’intérêts touristiques sont aussi de bons moyens de distribution car ils accueillent un nombre considérable de touristes.

      1. Promotion (communication)

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

Selon ce graphique, la totalité des touristes questionnés (86,67%) ne connait pas la forteresse de Tasghimout. Cela s’explique par le non classement de ce site parmi les monuments de la région de Marrakech-Safi et l’absence de la promotion touristique.

Tableau 9 : Intention de visiter la forteresse de Tasghimout

Avez-vous l’intention de visiter la forteresse de Tasghimout ? Nombre Taux %
Oui 80 88,89
Non 6 6,67
Sans réponse 4 4,44
Total 90 100

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

D’après le tableau au-dessus, on remarque que 88,89 % de l’échantillon interrogé ont l’intention de visiter la forteresse de Tasghimout, on peut expliquer ce grand pourcentage par la curiosité de découvrir le patrimoine militaire qui est rare dans la région.

La destination d’Iguerferouane a besoin d’événements ponctuels. En fait, un évènement exceptionnel peut attirer les gens. Alors nous proposons l’organisation du festival de Tasghimout qui aura lieu chaque année au mois d’Août.

Tableau 10 : Saison préférée pour le tourisme

Saison préférée pour le tourisme Nombre Taux %
L’hiver 12 13,33
Le printemps 14 15,56
L’été 55 61,11
L’automne 9 10
Total 90 100

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

Il est absolument clair que l’été représente la saison privilégiée pour les touristes questionnés (61,11%), suivi par le printemps (15,56%). Cela s’explique par la catégorie des touristes qui sont généralement des fonctionnaires et salariés et qui bénéficient de leur congé annuel en été.

Alors ces résultats montrent bien que le choix du mois d’Août pour organiser le festival de Tasghimout sera idéal, puisqu’on aura un nombre maximum de touristes. Il sera également important de privilégier la parution d’articles sur la destination et sur la forteresse de Tasghimout dans la presse à la rubrique « culture », et la réalisation de documentaires à la télévision. Cela aura un impact favorable sur l’image de la destination.

Pour un maximum de visibilité, la présence sur internet et réseaux sociaux sera obligatoire. Les actions à mettre en place seront les suivantes :

  • Concevoir un site web de la forteresse de Tasghimout.
  • Créer une page Facebook et inciter les touristes qui font des circuits à la consulter.
  • Être présent sur Youtube en diffusant la vidéo promotionnelle « la forteresse de Tasghimout».

Source : enquête réalisée sur terrain en 2017

Selon ces données, on constate que la majorité des touristes d’Iguerferouane choisit leur destination de voyage sur internet (40%), le choix par médias vient en seconde place (27,78%) et ceux qui effectuent leur choix à travers les Tour-opérateurs occupent la troisième position avec un taux de 24,44%.

Conclusion

La valorisation touristique de la forteresse de Tasghimout peut constituer une valeur ajoutée importante pour la dynamique touristique du territoire d’Iguerferouane et de toute la province. Cependant Il est nécessaire d’être prudent et de mettre en place toutes les mesures qui peuvent garantir que cette mise en tourisme soit faite dans des conditions qui permettront de sauvegarder le patrimoine, d’offrir à toutes parties prenantes des avantages socio-économiques et de maîtriser les effets culturels et environnementaux indésirables de l’activité touristiques. En outre, la patrimonialisation et la mise en tourisme du Tasghimout nous conduisent à penser à un jumelage entre cette forteresse et celle d’Amergou, puisqu’il s’agit d’un patrimoine identique qui reflète les mêmes valeurs et qui appartient à la même dynastie (Almoravide).

Bibliographie

  • Agence du Bassin Hydraulique de Tensift.
  • ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, « Recherches Archéologiques Au Tasghimout Des Mesfouia », Hespéris, 1951, pp.381-405.
  • BASSET.H et TERRASSE.H, « Sanctuaires et Forteresses Almohades- le Tasghimout », Hespéris, t,VII, 1927, pp.157-171.
  • DAVALLON.J, « A propos des régimes de patrimonialisation : enjeux et questions », pp.1-2.
  • El-Holal, Ed.de Tunis, p.83.
  • HCP, 1994-2004-2014.
  • IBN KHALDOUN, « Histoire des Berbères », traduction de Slane, t.II, p.174.
  • LAZZAROTTI.O, « Tourisme et patrimoine », 2003, pp.95-97.
  • Monographie de la commune d’Iguerferouane.
  • PROVENÇAl.L, « Documents inédits d’histoire almohade », Paris, Geuthner, 1928, les Mémoires d’Al Baidak, pp.218-222.
  • TERRASSE.H, « L’art Hispano-mauresque », Editions G.Van OEST, Paris, pp.227-232.

المصادر والمراجع العربية

  • ابن القطان المراكشي، نظم الجمان لترتيب ما سلف من أخبار الزمان، تحقيق الدكتور محمود علي مكي، دار الغرب الإسلامي، الطبعة الأولى، 1990، ص.223-224

الهوامش:

  1. PROVENÇAL.L, « Documents inédits d’histoire almohade », Paris, Geuthner, 1928, les Mémoires d’Al Baidak, p.218.
  2. Monographie d’Iguerferouane, 2016
  3. Ibid., 2016
  4. HCP, 1994-2004-2014.
  5. Monographie d’Iguerferouane, 2016
  6. IBN AL-KATAN Almorakochi, « Nodom Aljoman », 1ère Edition, 1990, p.223-224.
  7. IBN KHALDOUN, « Histoire des Berbères », traduction de Slane, t.II, p.174.
  8. ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, « Recherches Archéologiques Au Tasghimout Des Mesfouia », Hespéris, 1951, p.383.
  9. El-Holal, Ed.de Tunis, p.83
  10. PROVENÇAL.L, op.cit., 1928, p.218.
  11. TERRASSE.H, « L’art Hispano-mauresque », Editions G.Van OEST, Paris, p.227.
  12. BASSET.H et TERRASSE.H, « Sanctuaires et Forteresses Almohades-le Tasghimout », Hespéris, t,VII, 1927, p.163.
  13. ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, p.384.
  14. ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, p.385-386.
  15. PROVENÇAL.L, op.cit., 1928, p.218.
  16. ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, p.396.
  17. ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, p.400.
  18. BASSET.H et TERRASSE.H, op.cit., 1927, p.169-170.
  19. ALLAIN.CH et MEUNIÉ.J, op.cit., 1951, p.404.
  20. DAVALLON.J, « A propos des régimes de patrimonialisation : enjeux et questions », pp.1-2.
  21. LAZZAROTTI.O, « Tourisme et patrimoine », 2003, pp.95-97